"La pêcherie"

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Texte extrait du livre «En Camargue» de Bernard Picon, édité chez Acte Sud :
"Une pêcherie exploite le canal de la Grande Palun. C'est par ce canal que respire le plus grand étang de la Palissade. Toutes les six heures, son courant s'inverse sous l'effet de la minuscule marée méditerranéenne.
Le système de pêche, le calun, est un large rectangle de filet soutenu horizontalement au-dessus de l'eau par des câbles que l'on descend du côté où arrivent le courant et les poissons. Le calun est relevé toutes les vingt minutes. A l'automne par bon mistral et jusqu'aux premières gelées, on y capture loups et muges ; en été, on «fait les muges» pour en extraire la délicieuse «poutargue». Devant ou dans le cabanon de pêche, selon le temps, se racontent des histoires mémorables, se réchauffent les mains glacées par le tri des «cabassons», des crevettes et des anguilles capturées dans les «capetchades» puis se concoctent de savoureux gueuletons précédés d'un indispensable pastis."

poutargue : oeufs de muge salés et séchés
cabassons : poissons appelés aussi Athérines

capetchades : nasses utilisées pour la pêche en étang

Cette pêcherie était déjà en place du temps de Mr OLIVE, dernier propriétaire de la Palissade de 1948 à 1975 ; elle demeura en activité de 1977, année d'acquisition par le Conservatoire, jusqu'à fin juillet 2007 ; plus de trois décennies pendant lesquelles 5 pêcheurs locaux se sont succédés...

De nos jours, et dans notre département, on dénombre seulement trois installations de cette technique ancestrale de pêche dîte au «caleun» (terme provençal).

Aujourd'hui, elle n'est plus en activité ; en accord avec le Conservatoire du littoral, la Prud'homie de Pêche et les Services Maritimes, elle est désormais reconnue comme «réserve de pêche».